Les 5 Principes de l’Écoconception : Écoconcevoir son site (infographie)

Le numérique, ça pollue.
Votre site internet lui aussi, il pollue.
Et pourtant, les sites eux, ils pullulent.

Vous avez peut-être déjà entendu parler d’écoconception ?
Outre de se passer d’un énième site internet sur la toile, c’est une des solutions évoquées pour limiter l’impact environnemental d’un site internet ! Attention cependant, ce n’est pas parce qu’un site est ÉCO-CONÇU qu’il devient magiquement écologique…

Après notre vidéo d’introduction “Éco-conception de sites internet, pourquoi et comment faire (en 3 minutes)”, on avait besoin et envie d’aller un peu plus loin et de creuser ce sujet passionnant ! On va ici conclure notre série de contenu sur l’écoconception de sites internet.

Dans ce texte rédigé à 8 mains, on a réuni la meilleure team avec les expertes en développement de sites internet éco-conçus, j’ai nommé Cybèle Leclair, Milena Gatelier et Dominique Nicolle.
Elles vont nous expliquer pourquoi c’est important et comment le mettre en place dans votre projet et votre structure.

 

Qu’est-ce que l’écoconception ?

L’écoconception, c’est prendre en compte tous les impacts environnementaux d’un produit ou d’un service. Le but est de réduire son impact sur l’environnement, jusqu’à avoir le plus faible impact environnemental possible.

On parle de “cycle de vie” parce qu’il faut bien prendre en compte tous ses impacts : De la conception, la fabrication jusqu’à la fin de vie.

Et donc, ce concept appliqué au web :
L’objectif de l’écoconception d’un service numérique est de réduire son impact sur l’environnement (en comparaison à s’il n’avait pas été écoconçu). Encore une fois, en prenant en compte tous les impacts au long du cycle de vie (de la conception à la fin de vie du site).

Sans oublier qu’une très grosse partie du bilan carbone du numérique (75 % des Gaz à Effet de Serre) proviennent des équipements utilisateurices (smartphone, ordinateurs de l’utilisateur final). Et oui, les terminaux utilisés pour accéder à un site font aussi partie des éléments à prendre en compte dans l’impact global de votre site !

Pourquoi est-ce qu’on en entend beaucoup parler en ce moment ?

Nos expertes s’accordent là dessus :

Cybèle évoque les matières premières qui s’épuisent, la quantité de déchets qui augmente, la pollution en explosion,…
Dominique ajoute que les ressources qui permettent de fabriquer les équipements numériques se tarissent, et viendra un jour où il ne sera plus possible d’en fabriquer d’autres de manière connue ou avec les ressources actuelles. En plus du confort des usager·es, cela rendrait certains secteurs impuissants (la médecine ou la recherche par exemple).
Pour Milena, l’activité humaine telle que nous l’avons construite jusqu’à maintenant provoque le déclin de la planète avec, comme conséquences, le dérèglement climatique, la perte de la biodiversité ou encore l’épuisement des ressources.

Il nous faut donc nous réinventer et adapter notre manière de vivre à notre environnement. Cela passe aussi par une méthode de conception qui prend en compte les enjeux écologiques. Et le numérique ne fait pas exception.

On pourrait penser le contraire avec son côté virtuel et dématérialisé, cependant et comme le souligne le collectif GreenIT : « Chaque octet a un impact dans le monde réel ».
Dans un monde où nous sommes tou·tes connecté·es, on ne s’en rend pas forcément compte, mais le numérique est en réalité une industrie très énergivore : d’après l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie), en 2020, le secteur du numérique était responsable de 4% des émissions mondiales des gaz à effet de serre et on estime qu’en 2025 ce chiffre doublera. Et une donnée numérique parcourt en moyenne 15 000 km avant d’arriver à bon port !

Éco-concevoir un produit ou un service, c’est donc en limiter l’impact environnemental.

Donc certes, l’écoconception fait partie des réponses concrètes à cela. Mais attention au greenwashing, il n’est pas impossible que certaines personnes l’utilisent pour “verdir” leur image et se donner bonne conscience !

À chacun et chacune de s’assurer que l’écoconception est bien utilisée dans une stratégie RSE globale. Ce n’est pas une fin en soi, n’oublions pas que plus écologique qu’un site éco-conçu est un site qui n’existe pas. Il est important de se diriger vers une plus grande sobriété de manière générale, notamment dans l’utilisation et la gestion de nos ressources.

Les 5 Principes de l’Écoconception Web pour écoconcevoir son site internet :

Principe 1 :
Une Stratégie axée “Sobriété”

  • Définir précisément le besoin et éliminer ce qui n’est pas essentiel :
    Il faut écouter les envies de la clientèle et le rapporter aux besoins concrets des utilisateurices du service souhaité : donc en diminuant les fonctionnalités du service. Parfois, il faut même se demander “Ai-je vraiment besoin d’un site internet ?”
  • Réfléchir aux fonctionnalités (RÉELLEMENT) utiles et indispensables, pour un cahier des charges (et donc un site) le plus léger et simple possible. Peut être que l’installation d’un CMS comme WordPress n’est pas nécessaire, et un simple site en HTLM et CSS statique suffira amplement ? En effet, les sites statiques en HTML / CSS consomment énormément moins de ressources qu’un CMS, qui ont tendance à générer du code à rallonge.
  • Sensibiliser à votre démarche d’écoconception :
    Pourquoi ce choix ? Parlez de votre démarche pour la faire comprendre, d’autant plus que l’écoconception fait un lien entre la diversité et l’accessibilité à toutes et tous (quelque soit les handicaps permanent/ponctuel/situationnel, et quel que soit l’équipement utilisé).

Principe 2 :
Un design et une charte graphique Minimaliste

  • Privilégier un design frugal et minimaliste « low-tech » : on évite les effets d’animations, popups, carrousels etc. Dans le même sens, privilégier des typographies standards, pas plus de deux typographies différentes. Pour WordPress, c’est la même chose, appliquez le style général dans le thème, éviter les exceptions.
  • Limiter le nombre d’images à afficher, éviter les vidéos et les GIF animés (ces contenus demandent plus de ressources à afficher que du simple texte). Et surtout, on laisse le choix à l’utilisateurice de lancer la lecture d’un fichier audio / vidéo ou non, adieu la lecture automatique !
  • Accompagner la personne en charge de la charte graphique dans cette démarche d’écoconception et lui donner les moyens d’accéder aux ressources utiles (applicable même pour le print !)

Principe 3 :

Un Hébergement web responsable

  • Choisir un hébergeur responsable ou hébergement “vert”. Il existe des hébergeurs de sites web alimentés par des énergies renouvelables comme Infomaniak, Hostpapa,… Une manière d’avoir cette information est lPUE (Power Usage Effectiveness), qui est un indicateur d’efficacité énergétique d’un datacenter (en dessous de 1.2). Et/ou choisir un hébergeur qui réutilisent l’énergie produite (comme la réutilisation de la chaleur des serveurs comme chauffage de bâtiments).
  • Se renseigner et surveiller la durée de vie des serveurs, comme l’ajoute Bertrand Paris-Romaskevich, les serveurs représentent une majorité des émissions GES et de consommation des ressources de votre site.

Principe 4 :
L’aspect technique, allégé et optimisé

  • Optimiser et Minifier le code : Chaque ligne de code, chaque caractère a un impact. En supprimant les commentaires présents dans le code, les déclarations optionnelles, les espaces inutiles,… Chaque octet économisé compte !
  • Optimiser vos images : Grande charge en terme de temps de chargement et de consommation d’énergie, une attention est à porter avant et après la mise en ligne sur votre site. Je vous ai fait un article tutoriel entier sur le sujet “Comment optimiser les images de son site web (écoconception, SEO et accessibilité) – Tutoriels” à retrouver tout de suite !
  • Utiliser un thème léger (si vous avez fait le choix d’utiliser un CMS comme WordPress par exemple). Les thèmes des CMS ajoutent automatiquement du code à votre site, et parfois, bien plus qu’il n’en faut ! (Note de Alex : J’ai fait des tests dernièrement sur les thèmes WordPress et GeneratePress était un des plus légers et performants que j’ai trouvé. Et si vous voulez un exemple de ce qu’il NE FAUT PAS FAIRE, ce vieux site en cours de refonte en est un bel exemple, le thème utilisé à l’époque est DIVI qui est très lourd et n’est absolument pas éco-conçu.)
  • Supprimer le superflu : Désinstaller les plugins et supprimer les thèmes, pages, polices de caractères ou tout contenu non utilisé sur votre site.

Principe 5 :
La suite du cycle de vie

  • Accompagner les parties prenantes : Lors de la saisie des contenus, l’ajout des images, la maintenance du site ensuite, etc… Il faut former les personnes aux bonnes pratiques et les sensibiliser à ces causes.
  • Auditer et mesurer : Vous pouvez auditer votre site grâce à des outils gratuits qui vous donneront une idée sur l’état général de vos sites et les pistes d’améliorations. Dans le cas d’une refonte de site, vous pouvez faire un état des lieux avant et après la refonte.
    Pour la partie écoconception : EcoIndex (outil en cours de refonte pour l’instant), ou encore Website Carbon. Il existe également une extension pour Chrome et Firefox qui s’appelle GreenIT-Analysis, permettant d’évaluer votre site par rapport au référentiel d’écoconception de GreenIT.
    Pour les performances : GT Metrix permet d’avoir des informations détaillées notamment sur les requêtes. L’outil Lighthouse de Google, qui donne des informations précises sur les performances, l’accessibilité, les bonnes pratiques et le référencement de son site. Vous pouvez également analyser les requêtes et le poids fichiers grâce aux outils de développeur du navigateur (en désactivant le cache et en le remettant pour vérifier si le système de cache est bon).
  • Réfléchir la fin de vie de votre site et de vos contenus web : Votre site est-il durable, ou devra-t-il être supprimé passé une certaine date (pour l’événementiel par exemple) ? Qu’est-ce qui est prévu pour la gestion des données en cas de fin d’exploitation du site (en rapport avec la RGPD) ? Tout autant de questions à se poser !
infographie Principes écoconception web site

L’écoconception dans ma structure ?

Chef·fe de projet, personne au développement, designers,… L’écoconception est l’affaire de toutes les parties prenantes du projet !

Une chose est claire :
Tout le monde est concerné·e, toute personne ayant un site internet devrait être concernée et informée !

Car si l’écologie est affaire de toutes et tous, l’écoconception apporte d’autres points bénéfiques à votre site internet :
Le site sera plus sobre et donc plus rapide à charger et plus performant.
Ce qui sert également à rendre votre site plus accessible à toutes et tous, que ce soit aux personnes atteintes de handicaps, et aux personnes n’ayant pas des connexions internet puissantes ou des appareils jugés obsolètes.

L’écoconception induit aussi une meilleure visibilité sur les moteurs de recherche ! Les moteurs de recherche évaluent notamment la performance, l’accessibilité et les bonnes pratiques dans leurs critères de classement des résultats de recherche. Et ça tombe bien car c’est exactement ce qui est travaillé en écoconception !

Concrètement : un site éco-conçu, c’est un site accessible à plus de personnes et plus visible sur les moteurs de recherche, c’est donc de potentiels prospects et clientèle supplémentaire !

Et peut-être même des économies en termes de budget pour votre entreprise, vu que la première des actions est de limiter les fonctionnalités, donc le coût du site sera potentiellement moins élevé à la création et les coûts récurrents de maintenance diminués.

Comment se former à l’écoconception pour le web ?

Dominique recommande plusieurs formations et certifications :

Pour les personnes autodidactes, il existe aussi de nombreuses ressources pour vous auto-former à ce sujet passionnant ! Voici la liste de nos expertes :

  • GreenIT : La communauté des acteurices du numérique responsable. Iels s’intéressent, entre autre, à la sobriété numérique, à l’écoconception des services numériques, à la lowtech, et plus globalement à un avenir numérique alternatif.
  • Le livre “Écoconception web / Les 115 bonnes pratiques” du collectif GreenIT. D’ailleurs, on nous dit à l’oreillette que la V4 sortirait cette année en 2022 (affaire à suivre !)
  • Le guide d’éco-conception de services numériques, par Designers Éthiques : Un guide qui présente les principales bonnes pratiques de design pour réaliser des services numériques à l’empreinte environnementale réduite.
  • Pour aller encore plus loin et comprendre l’impact sociétal il existe des livres, tels que celui de Guillaume Pitron : L’enfer numérique, Voyage au bout d’un Like
  • Le podcast l’Octet Vert de Tristan Nitot pour la culture général sur le sujet (entre autres)

 

Un énorme merci à nos expertes qui ont accepté de partager leurs connaissances avec nous ici ! J’espère que vous en aurez appris autant que moi à la lecture de cet article et que vous aurez même déjà quelques pistes pour limiter l’impact environnemental de vos sites internet.

Je vous invite vivement à aller les suivre sur leurs réseaux sociaux et si vous voulez les contacter, vous pourrez les retrouver par ici :
Dominique Nicolle (Développeuse de sites internet et services numérique éco-conçus) : son siteson linkedin
Milena Gatelier (Créatrice de sites internet en écoconception) : son siteson linkedin
Cybèle Leclair (UX Designer) : son linkedin

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